mardi 30 juin 2009

C’est la fin!!!

À la fin de chaque « mission » je me sens comme ça : un mélange de fatigue, de tristesse et, honnêtement, de plaisir à l’idée de retourner « chez-nous ». Les anglais ont une expression intéressante qui, je crois, pourrait bien désigner cette sensation : « To be overwhelmed ». C’est comme être submergée par une vague de sentiments divers : satisfaction et excitation dû à l’impression de prendre une part active dans les mouvements sociaux aux Philippines, sensation qu’à chaque visite je comprends un peu mieux ce pays complexe, voilà pour le côté face de la médaille. Le côté pile, c’est la tenace impression que ce pays est si complexe que jamais je ne pourrai vraiment le comprendre et que la tâche des mouvements sociaux pour réaliser des changements durables est telle que je n’arrive pas à voir par quel bout ils peuvent bien commencer! Overwhelmed, donc.

Il faut dire que ce mois de juin a été plutôt excitant aux Philippines avec le renouvellement du programme de réforme agraire (belle victoire du mouvement paysan philippin), toutes ces intrigues en vue des élections de 2010 (Cha-Cha, Con-Ass…voir glossaire au bas…définitivement les Pinoys ont le sens de la phrase punchée!) et surtout cette vague impression qu’un réel mouvement de masse est en train de prendre forme afin de profiter de la crise politique, économique, environnementale et sociale des Philippines pour mettre de l’avant des alternatives économiques et politiques durables*. En fait, à chaque fois que je vais aux Philippines, j’ai l’impression de voir la démocratie en marche, avec ses hauts et ses bas, ces intrigues et tour de passe-passe…mais surtout à chaque fois que je vais aux Philippines je suis surprise par la qualité du débat de fond qui y est fait , je suis fascinée de voir comment s’orchestrent les forces majeures de changement sociale et, à chaque fois, je me dis que si un autre monde est possible, il prendra définitivement forme en Asie.

*On est loin des débats qui durent des dizaines et des dizaines d’années sur où construire un hôpital, mettre une autoroute, ou quoi faire avec l’échangeur Turcot et nos compteurs d’eau! Mais surtout c’est la qualité de la résistance, de l’argumentation, des stratégies élaborées par les mouvements sociaux qui me fascinent. Les Philippins sont des êtres politiques innés et j’adore la politique, alors faites les maths!



En quelques anecdotes, voici pourquoi j’adore ce travail :

Bain : Se laver dans la rivière aux aurores, en short et t-shirt, sous l’œil bienveillant de la communauté et surtout des enfants qui n’en reviennent toujours pas de mes jambes si blanches et poilues!

Chanter : Ce n’est qu’un au-revoir en me disant que si la vie me le permet, je vais vraiment retourner dire bonjour à ces gens braves et généreux.

Déjeuner : Au petit matin, au Penthouse d’un hôtel, avec un représentant du Congrès Philippins en jasant de l’impact de la réforme agraire et de l’organisation des mouvements sociaux aux Philippines

Écouter : Les fermiers nous raconter les escroqueries des grands propriétaires terriens et l’injustice du système philippin. Tenter de ravaler mon indignation et surtout lever mon chapeau devant la patience des paysans mais espérer de tout mon cœur qu’il leur reste une graine d’indignation pour ne pas accepter cet ordre des choses.

Exercice : Hein? Quoi?

Insolite : Voir une photo « photoshoper » sur le mur d’une maison extrêmement modeste, où même le téléphone sans fil ne se rend pas!

Partage : Partager la croûte, mais aussi une vision du monde et un sens clair sur comment les choses devraient être. Avoir l’impression d’être dans la même gang même si plein de choses nous séparent.

Riz : Au moins trois fois par jour!

Trop : Trop mangé, pas trop bu, trop de réunions mais pas trop de rencontres.

Tricycabe : Retour à notre « hôtel » à la lueur de la lumière de nos cellulaires, au sein des grenouilles et des criquettes! J’entends encore MarieBeth rigoler de l’aventure!

XXX

GLOSSAIRE:

Cha Cha: Signifie Charter Change. Il y a de fortes pressions politiques aux Philippines pour en modifier la consitution et, entre autre, en faire un régime parlementaire.

Con Ass: Ou Constituant Assembly. C'est l'une des trois façons, selon la Constitution philippine, d'amender la consitution. De façon ce sont les les gens au congrès qui peuvent changer la constitution.

1 commentaire:

Edouard a dit…

J'aime bien Con-Ass! Surtout collé à Cha-cha