lundi 2 novembre 2009

Arrivée à la maison et piste d'action

Cette visite terrain au Sri Lanka s'est terminée, et mon voyage s'est poursuivi vers le Cambodge. Je n'ai rien écrit sur le Cambodge, car il s'agissait de rencontres de bureaux. Mais il y aurait eu des choses à dire, comme toujours! Je me suis sentie un peu comme à la maison à Phnom Penh, certainement mieux qu'au Sri Lanka. Et si la situation n'y est pas facile (augmentation de la répression, de l'impunité et une distribution des terres aux riches et puissants au détriment des citoyens), je dois dire qu'après les camps de "réfugiéEs" sri lankais, le patronage et clientelisme a quelque chose de presqu'acceptable. Et surtout, ce qui m'a donné espoir c'est de voir, pour une première fois depuisque je vais au Cambodge, une graine de révolte et d'opposition prendre naissance...

Je suis maintenant de retour à Montréal, mais ce que j'ai vu, entendu et discuter au Sri Lanka continue de me perturber. Il faut en parler, que les gens sachent ce qui se passe dans ce pays, il faut dénoncer la situation dans les camps. C'est inacceptable. Si comme institution Développement et Paix en'a pas encore pris de position officielle, comme personne humaine, je vous invite à voir ce vidéo sur Youtube fait par Amnesty International:

http://www.youtube.com/watch?v=dy7ZiInFds0&feature=related

Dans ce vidéo, la chercheure dénonce la création des camps de réfugiéEs, leur militarisation, la création de camps "spéciaux" pour les ex-combattants Tigre. Elle reconnaît et dénonce les violations des droits de la personne faites par les Tigres. Et surtout elle dénonce le règne de l'impunité et la nécessité d'agir. AI ne nie pas le besoin d'aide humanitaire, mais exige que cette aide soit faite en respectant les lois internationales, dont "Guiding principle of displacement" (http://www.reliefweb.int/ocha_ol/pub/idp_gp/idp.html)

Il faut voir ce vidéo et voir les trois parties car AI donne des pistes d'action possible. D'ailleurs la campagne d'AI, qui s'intitule en anglais Unlock the Camps in Sri Lanka (http://www.amnesty.org/en/news-and-updates/news/unlock-camps-sri-lanka-20090807) se concentre sur quatre messages clés:

1. Liberté et liberté de mouvements pour les réfugiés dans les camps;
2. Inscription systématique et transparente de tous les réfugiéEs
3. Démilitarisation des camps - avec une attantion toute spéciale pour la violence lié au genre
4. Relâcher les personnes dans les camps immédiatement.

AI demande aussi que soit organisé une commission d'enquête internationale indépendante sur la situation des droits de la personne dans les camps.

AI nous invite chacun de nous à agir car selone ux " Public pressure is the greatest weapon against impunity"

vendredi 9 octobre 2009

Responsabilité? Hein?

300 000 déplacés internes plus tard, après qu'une centaine de camps extrêmement surveillés aient poussés un peu partout dans le nord et à l'est du pays, que les postes militaires se soient multipliés à la vitesse grand V, que deux classes de citoyens soit maintenant chose faite (ceux qui sont libres et les autres), qu'est-ce qu'on fait? Pouvons-nous sérieusement imaginer la paix pas seulement la fin d'un conflit?

Quelle est la responsabilité de la communauté internationale, et la nôtre comme institution, comme citoyen, dans la situation actuelle? Quelle est la responsabilité des gens du pays et que peuvent-il faire? Comment résister, se rébeller, changer le cours des choses quand il n'y a absolument aucune ouverture?, lorsque tu es soit avec nous soit contre nous et qu'il n'y a pas d'entre-deux? Quel espace démocratique, de résistance et de rébellion reste-t-il aux Sri lankais? Et à nous? Comment appuyer la résistance, la liberté de pensée, l'indépendance d'idées, l'humanisme, sans mettre la vie des gens en danger? Comment s'opposer à cette vague déferlante qui n'augure rien de bon pour des milliers d'être humains? Tant de questions, peu de réponses.

Si la survie est signe d'intelligence, la résistance aussi. Il faut saluer le courage et l'intelligence de ceux et celles qui s'opposent et qui dénoncent, appuyer leurs actions. Il faut lever son chapeau à tous les autres qui dans l'ombre permettent à des gens de survivre et apppuyer discrètement leurs actions. Il faut de chez-nous dénoncer et faire circuler l'information. Il faut garder la tête froide et un point de vue humaniste. Il ne faut pas renoncer ni accepter...Hasta siempre!

jeudi 8 octobre 2009

Les dessous d'un conflit ça ne fait pas dans la dentelle!

Ça n'a définitivement rien de beau, les dessus d'un conflit. Est-ce que cette guerre a été menée et gagnée pour les Sri lankais?

Voyons voir:

La rumeur veut que l'Inde et la Chine aient appuyée l'offensive gouvernementale en échange de l'accès et du contrôle de terres et des ports au nord, au sud et à l'est du pays.
Conséquence: les déplacés ne seront plus propriétaire de leur terre et ne seront pas relocalisés sur leurs terres . De fermiers-paysans ou pêcheurs, ils deviendront des travailleurs agricoles.

Endetté jusqu'au cou par le coût de la guerre, le gouvernment du Sri Lanka a, pour la première fois, contracté un prêt auprès du FMI.
Conséquence: Des rumeurs pas farfelues courent sur les conditionalités de ce prêt: réduction du budget pour les services sociaux ( à venir jusqu'à maintenant l'éducation, la santé, le tranpsort, l'eau, aliments de base étaient des services gouvernementaux), privatisation des services, arrivée massive des grandes compagnies agricoles (monsanto serait de la partie)

Pour des raisons de sécurité, le gouvernement aurait déclaré zone à haute sécurité les zones côtières de l'est et du nord.
Conséquence: les villages de pêcheurs ne seront pas relocalisés sur la côte, et les rumeurs les plus folles (?) disent que d'ici quelques années on y verra des hôtels chics.

Évidemment, tout ça il s'agit de rumeurs. Mais à lire Shock Doctrine de Naomi Klein, ça donne des idées. Il faut dire aussi que dans l'après Tsunami les Sir Lankais ont résisté aux gros sabots du model néo-libérale de dveloppement. Alors peut-êtreque ces rumeurs ne resteront que rumeurs...

lundi 5 octobre 2009

Le pouvoir des mots

Souvent, les mots utilisés dénotent l'interprétation que l'on fait de la réalité. Encore plus dans une situation de conflit ou de tension. Dans le contexte actuel plutôt tendu avec les déplacements massifs de la population, l'expulsion de certaines organisations internationales et nationales hors des camps, le choix des mots est un indicateur clair de l'interprétation de la réalité. En voici quelques exempes:

Inmates: Voilà le terme que choississent certaines organisations pour parler des gens dans les camps. Ça dit tout sur ces prisons à ciel ouvert!

Welfare camps: Terme utilisé par le gouvernement et autres organisations pour désigner les camps de réfugiés internes.

Rehabilitation camps: Terme gouvernemental pour parler des camps où sont envoyés les anciens combattants tamouls.

Libération/Libéré versus occupation/occupé: Terme utilisé par tous. “Ce territoire libéré était occupé par...” Ceux qui gagnent libèrent et ce eux qui perdent désignent le gagnant comme l'occupant. Parfois, ils ont bien raison de parler d'occupation!

Souvent les mots qu'on choisi expriment notre pensée. Rien de mieux qu'un pays en fin de guerre civile pour saisir l'importance et le pouvoir des mots. Pas pour rien que les journalistes sont surveillés de prêts!



dimanche 4 octobre 2009

Nouveau pays: Sri Lanka


En fait, le pays n'est pas un nouveau pays pour Développement et Paix, nous y sommes depuis 2005, soit depuis le Tsunami, mais il est nouveau pour moi. En janvier 2010 je prendrai la relève de ma collègue Debbie et serai responsable de la mise en oeuvre de la dernière année du programme Tsunami au Sri Lanka. Ce programme se termine en décembre 2010. Afin de bien me préparer, Debbie m'a proposée de l'accompagner lors de sa visite auprès des partenaires. Me voici donc au Sri Lanka pour quelques jours en route vers le Cambodge.

Pays fascinant le Sri Lanka. Et complexe. Haut taux d'alphabétisation, deux groupes ethniques, Tamouls et Singalais, quatre religions (hindoue, boudhiste, catholique et musulmane), trois langues (singalais, tamil et anglais), un niveau de vie généralement assez élevé.

Mais c'est aussi un pays qui a connu trente ans de guerre civile. Guerre plus ou moins terminée l'été dernier. Qui laisse derrière elle un pays divisé, des milliers de personnes déplacées, un nationalisme exacerbé...un pays où on devient facilement des ennemis de la nation. Dans ce contexte, aucun nom de partenaires ne sera mentionné, mais il sera tout de même possible pour moi de vous jaser du contexte général. Bonne lecture!!!


Quelques liens qui peuvent vous intéresser:

Journaux

Sunday Island

Daily mirror

Livres
En vrac roman et essai:

Only man is vile par William McGowan

Anil's ghost par Michael Ondaatje

Paradise poisoned, John Richardson

If the moon smiled et Turtle nest, Chandani Lokuge



mardi 30 juin 2009

C’est la fin!!!

À la fin de chaque « mission » je me sens comme ça : un mélange de fatigue, de tristesse et, honnêtement, de plaisir à l’idée de retourner « chez-nous ». Les anglais ont une expression intéressante qui, je crois, pourrait bien désigner cette sensation : « To be overwhelmed ». C’est comme être submergée par une vague de sentiments divers : satisfaction et excitation dû à l’impression de prendre une part active dans les mouvements sociaux aux Philippines, sensation qu’à chaque visite je comprends un peu mieux ce pays complexe, voilà pour le côté face de la médaille. Le côté pile, c’est la tenace impression que ce pays est si complexe que jamais je ne pourrai vraiment le comprendre et que la tâche des mouvements sociaux pour réaliser des changements durables est telle que je n’arrive pas à voir par quel bout ils peuvent bien commencer! Overwhelmed, donc.

Il faut dire que ce mois de juin a été plutôt excitant aux Philippines avec le renouvellement du programme de réforme agraire (belle victoire du mouvement paysan philippin), toutes ces intrigues en vue des élections de 2010 (Cha-Cha, Con-Ass…voir glossaire au bas…définitivement les Pinoys ont le sens de la phrase punchée!) et surtout cette vague impression qu’un réel mouvement de masse est en train de prendre forme afin de profiter de la crise politique, économique, environnementale et sociale des Philippines pour mettre de l’avant des alternatives économiques et politiques durables*. En fait, à chaque fois que je vais aux Philippines, j’ai l’impression de voir la démocratie en marche, avec ses hauts et ses bas, ces intrigues et tour de passe-passe…mais surtout à chaque fois que je vais aux Philippines je suis surprise par la qualité du débat de fond qui y est fait , je suis fascinée de voir comment s’orchestrent les forces majeures de changement sociale et, à chaque fois, je me dis que si un autre monde est possible, il prendra définitivement forme en Asie.

*On est loin des débats qui durent des dizaines et des dizaines d’années sur où construire un hôpital, mettre une autoroute, ou quoi faire avec l’échangeur Turcot et nos compteurs d’eau! Mais surtout c’est la qualité de la résistance, de l’argumentation, des stratégies élaborées par les mouvements sociaux qui me fascinent. Les Philippins sont des êtres politiques innés et j’adore la politique, alors faites les maths!



En quelques anecdotes, voici pourquoi j’adore ce travail :

Bain : Se laver dans la rivière aux aurores, en short et t-shirt, sous l’œil bienveillant de la communauté et surtout des enfants qui n’en reviennent toujours pas de mes jambes si blanches et poilues!

Chanter : Ce n’est qu’un au-revoir en me disant que si la vie me le permet, je vais vraiment retourner dire bonjour à ces gens braves et généreux.

Déjeuner : Au petit matin, au Penthouse d’un hôtel, avec un représentant du Congrès Philippins en jasant de l’impact de la réforme agraire et de l’organisation des mouvements sociaux aux Philippines

Écouter : Les fermiers nous raconter les escroqueries des grands propriétaires terriens et l’injustice du système philippin. Tenter de ravaler mon indignation et surtout lever mon chapeau devant la patience des paysans mais espérer de tout mon cœur qu’il leur reste une graine d’indignation pour ne pas accepter cet ordre des choses.

Exercice : Hein? Quoi?

Insolite : Voir une photo « photoshoper » sur le mur d’une maison extrêmement modeste, où même le téléphone sans fil ne se rend pas!

Partage : Partager la croûte, mais aussi une vision du monde et un sens clair sur comment les choses devraient être. Avoir l’impression d’être dans la même gang même si plein de choses nous séparent.

Riz : Au moins trois fois par jour!

Trop : Trop mangé, pas trop bu, trop de réunions mais pas trop de rencontres.

Tricycabe : Retour à notre « hôtel » à la lueur de la lumière de nos cellulaires, au sein des grenouilles et des criquettes! J’entends encore MarieBeth rigoler de l’aventure!

XXX

GLOSSAIRE:

Cha Cha: Signifie Charter Change. Il y a de fortes pressions politiques aux Philippines pour en modifier la consitution et, entre autre, en faire un régime parlementaire.

Con Ass: Ou Constituant Assembly. C'est l'une des trois façons, selon la Constitution philippine, d'amender la consitution. De façon ce sont les les gens au congrès qui peuvent changer la constitution.

lundi 29 juin 2009

Climate justice ou justice divine?


J’arrive tout juste de deux jours de visites terrains dans la province de Quezon Nord, province durement touché en 2004 par des inondations et des glissements de terrain. Visites touchantes et surtout révélatrices : c’est bien beau être maître de ses terres, mais si celles-ci sont sur des zones à haut risque de désastre, est-ce que le jeu en vaut la chandelle? Et surtout comment faire si ce n’est pour prévenir, au moins mitiger les risques de désastres?


Le plus étonnant, du moins à mon sens, est la volonté ferme des communautés de ne pas se relocaliser dans des zones à risques moins élevés. Entêtement déraisonnable? Pas si on creuse un brin : bien sûr rien de pire pour un Filipin que d’être coupé de sa communauté et de son inextricable réseau social (et définitivement relocaliser l’ensemble d’une communauté dans un même endroit n’est pas chose simple!), mais aussi d’un point de vue plus pratique et terre-à-terre : partir pour où et pour gagner sa croûte comment? La résistance au changement est forte et, parfois, juste car on ne cesse pas du jour au lendemain d’être fermier en province, comme ils disent, pour devenir chauffeur de taxi à Manille!

Face à cette situation, notre partenaire Center for Environmental Concerns (CEC) a décidé de mettre la science au profit de la communauté, ou plutôt de remettre entre les mains des gens concernés des outils pour leur permettre d’analyser leur situation et de développer des plans d’urgence. Ainsi, au sien de trois villages visités un groupe de 5 à 7 personnes étaient responsable de la mise en oeuvre et de la collecte de données pour le « rain gauge » ou pluviomètre : un simple système d’analyse de quantité de pluies versus les observations des impacts causés sur l’environnement immédiat. Un outil simple d’usage mais qui a plusieurs mérites, dont l’un des plus sympathiques est définitivement la fierté des villageois à comprendre et à bien manipuler des outils scientifiques! Il faut aussi dire que ces nouveaux outils ont donné un accès aux « jeunes » de ces villages aux prises de décisions, les plus « vieux » étant plus hésitants à s’investir dans le projet, au commencement du moins.

De façon plus concrète et plus GARaumatique (gestion axée sur les résultats), une analyse partielle des données obtenues (pour que les données soient complètes, le système doit avoir fait au moins 1 an, ce qui n’est pas encore le cas) a permis à ces trois villages de développer des cartes assez détaillées des zones à risque en cas de pluie importantes, de déterminer à plus ou moins de certitude près quand vient le temps pour un village de quitter les lieux et surtout déterminer les endroits pour établir des centre d’hébergement relativement sécuritaires. Un des villages a même expérimenté de façon concrète l’utilité de ces instruments et plans lors de pluies diluviennes d’avril dernier.

Pour le mot de la fin, je laisse la parole à Capitaine (chef de village, ou l'équivalebnt de nos maires) : « If it’s God will that rain comes, then it must be God’s will for us to know how to face it!"

mardi 23 juin 2009

Histoires de famille

Ce qui est vraiment choquant aux Philippines, ce sont ces oligarchies familiales qui ont la main mise sur tout : le secteur politique, économique et social (spécialement en ce qui concerne les divertissements : comme les amateurs de Sim City le savent rien de mieux que de divertir sa population pour garder le pouvoir!). Une même famille (d’accord, le concept de famille est élargi comparé à chez-nous mais il demeure que ce sont des gens de la même famille), a des tentacules à tous les niveaux; par exemple, la mère siège au Congrès, le père au Sénat, la fille est gouverneure et le cousin pas trop éloigné est le maire de la capitale provinciale. Ensuite, le gendre est propriétaire de quelques business locales tels radio, journaux alors que l’autre, le cousin du deuxième degré, est propriétaire du moulin local et il courtise la fille du vendeur d’engrais. Tout est lié. Si on transposait ça au Québec-Canada, c'est comme si une Bombardier, aurait marié un Péladeau qui lui serait cousin par alliance à quelqu'un de Power Corp qui serait marié à un fils d’ex-premier ministre (Oups, je crois que c’est vrai cette partie là, à moins que ce soit la fille qui ait marié le fils de l’autre?!).

Conséquence de ces holdings familiaux : ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent : Aquino, Arroyo, Ochanco…pas beaucoup de nouveautés. Les tentacules familiales sont vastes et puissantes surtout que sur le plan culturel, dénoncer son clan, voir même prendre ces distances n’est pas si simple. Et ces structures sociales ont des répercussions assez importantes sur l’organisation étatique. Par exemple, lorsque vient le temps de privatiser, au nom de la libre entreprise et du bon marché, des entreprises étatiques quels sont ceux qui en bénéficient vous pensez? Les mêmes, évidemment. Le cas de la privatisation de l’électricité est flagrant, surtout à Negros et Panay, où comme par hasard les propriétaires des compagnies d’électricité sont les grands propriétaires terriens, qui sont aussi intimement liés aux leaders politiques de la région. Et où croyez-vous que les tarifs d’électricité sont les plus élevés aux Philippines? À Panay et Negros, bien sûr! Les îles où les inégalitéssociales et économiques sont les plus grandes, car entre le propriétaire terrien qui gagne des millions et le travailleur agricole qui gagne des peanuts, il y a tout un monde! Évidemment, l'histoire ne dit pas combien les propriétaires terriens payent leur électricité, s'il la payent, car puisque ce sont des compagnies privées, elles n'ouvrent pas leur livre si facilement!

Freedom From Debt Coalition(FDC) par l’entremise de ces bureaux locaux, a réussi à mobiliser et à organiser une vaste coalition d'organisations et d’individus scandalisés par la hausse régulière et non règlementée de l’électricité, en plus de dénoncer la privatisation d’un service étatique. Ils sont devenus des spécialistes sur le sujet et ont entrepris une vaste campagne sur les plans législatifs et légaux contre ces hausses immodérées des tarifs (par kilowatt heure, le prix est plus dispendieux que chez-nous), ils s’en prennent sans vergogne aux grandes et puissantes familles et, à mon grand étonnement et plaisir, ils ont réussi à gagner quelques batailles juridiques et législatives, minant peu à peu le pouvoir de ces grandes familles.

La force de FDC : son travail de coalition. Près du terrain, ayant une grande capacité de mobilisation malgré les divisions des mouvements progressistes, FDC se fait entendre sur toutes les plateformes. Éventuellement, les situations changent. Pas tellement par choix ou par bon vouloir politique, mais en raison du cumul des forces qui fini par être à l’avantage des mouvements sociaux. À Panay, afin d'éviter le chaos, les compagnies électriques ont été forcées de réduire leur augmentation des tarifs et seront bientôt forcée de re-distribuer près de 2 millions de pesos réclamer en trop!

Le prochain « move » de FDC Ilo Ilo? Transformer Panay Electrical Company (PECO) en une coopérative auto-gérer par les bénéficiaires!

vendredi 19 juin 2009

Life on a sugar cane plantation



L’esclavage n’a pas cessé, il s’est simplement raffiné…comme le sucre. J’arrive de deux jours sur le terrain avec PARRDS où nous rencontré certains de leurs membres. J’en ressors bouleversée, pour le moins.

Nous avons visité deux haciendas : Hacienda Esperanza et Hacienda De Benedico, à Negros Oriental. À Esperenzas, 34 travailleurs de la ferme sortaient tout juste d’un mois d’emprisonnement, où ils ont été accusés d’harcèlement envers les gardes de la plantation. À Benedicto, après 13 ans de luttes (1992 à 2005), 1 mort, deux blessés et 4 ans d’opération (2005-2009), la coopérative des fermiers a été reconnue sur le plan national comme étant « the most outstanding farmer coop ».

Sous l’ancien programme de réforme agraire, les travailleurs de plantation avaient l’option de devenir des actionnaires des plantations. C’est-ce que les travailleurs de l’Hacienda Esperanza ont fait. Ils ont signé une entente avec les gestionnaires de la ferme qui leur donnait accès au profit de 388 hectares de plantation, 174 mètre carré de terrain pour leur maison et leur jardin. Surtout, ils devenaient membres du Comité d’administration de la plantation…douce revanche! Et pourtant, 14 ans plus tard, ces fermiers sortent de prison, se retrouvent sans travail, sont sur la liste noire et la compagnie a mis fin à leur contrat. Leur tort : avoir récolté la canne à sucre sur les 388 hectares qui leur reviennent. Exaspérés par la mauvaise foi des actionnaires (égalité et équité ne peut pas seulement dire un droit de vote sur un c.a. après des décennies de régime féodal!), par le fait que leur situation au lieu de s’améliorer empire, ils ont décidé de prendre leur dû. Ils en payent encore le prix et courent le risque de passer entre 2 et 6 ans en prison pour leur geste de…dignité humaine? Une bonne nouvelle : dans la nouvelle loi (CARPER), les sdo « stock distribution option » ne seront plus possible.


Les fermiers de NARB (NAGASI agrarian reform beneficiaries) sont dans une situation différente. C’est sous l’article « compulsory land acquisition » qu’ils ont réussi à obtenir le contrôle de 143 hectares, où il cultivent maïs, riz et des légumes. Ils ont créé une coopérative de 76 membres et ont système rotatif de gestion. Évidemment, tout n’est pas rose et il y doit bien y avoir des petits points noirs dans cette peut-être trop belle photo, mais il faut célébrer, après si longtemps de bataille et une vie de moins, cette reconnaissance nationale de la Coop! Levons notre chapeau au fermier de NARB qui n’ont pas baissé les bras et qui servent maintenant de modèle à bien d’autres!!



CARPER, la nouvelle loi pour la réforme agraire, est aussi loin d’être parfaite, mais reconnaissons et célébrons la lutte et l’unité des fermiers philippins et leur capacité à changer pour le mieux leur situation!

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Pour en savoir plus sur CARPER : PASS CARP EXTENSION WITH REFORM

Pour la triste et belle histoire de ka René et des fermiers de Sumilao, Bukidnon, Philippines.

lundi 15 juin 2009

Programme de Réforme agraire prolongée: une victoire?

La réforme agraire bat son plein aux Philippines, le programme de réforme agraire (Comprehensive Agrarian Reform Program ou CARP) ayant pris officiellement fin en juin 2008. Renouvelé de six mois, en six mois un nouveau programme de réforme agraire a été voté le 1 juin 2009, pour une durée de 5 ans.

Ça peut sembler une bonne nouvelle de prime abord, mais ce n’est pas si évident. Plein de clauses progressistes proposées afin d’améliorer la dernière réforme ont été abolies et au premier regard il semble que seules les redistributions volontaires seront considérées. Redistributions volontaires?! Dans un pays où la terre est la seule valeur sûr, qui en plus se bonifie d’années en années, dans un pays riche en minerais et près d’un voisin (la Chine) avide de terres arables et de ressources naturelles, je suis prête à mettre ma main sur la table que les terres volontairement redistribuées ne vaudront que dalles!

Les paysans et certains politiciens sont mobilisés dans cette lutte, ils opposent une résistance farouche et ont aussi proposés des mesures alternatives à la réforme courante. PARRDS (Partnership for Agrarian Reform Services) a d’ailleurs appuyé les organisations paysannes dans leur lutte, a mobilisé médias, politiciens et l’Église afin de créer un vaste mouvement d’appui au mouvement paysan. PARRDS a été particulièrement efficace dans son action auprès de l’Église et a su avoir des appuis de tailles auprès de l'establishment catholique.

En fait, ce qui nous fait penser que ce mouvement est crédible, c’est la force de l’opposition et la violence auquel ils font face : harcèlement, menaces, enlèvements, assassinats…D’ailleurs PARRDS a mis sur pied un programme de AR/HR (Agrarian Reform/human rights). Ce programme permet de documenter les violations des droits des paysans, de sensibiliser les instances internationales (Le rapport Arlston, par exemple) à la situation aux Philippines. Avec PARRDS j’irai à Négros, l’île des grandes plantations de cannes à sucre, et lieu des massacres les plus violents et médiatisés…donc lieu où les paysans sont les mieux organisés. En cette année électorale, les mouvements citoyens sont une force non négligeable et l’histoire des Philippines est la preuve même que ces mouvements peuvent changer les choses!

vendredi 12 juin 2009

Mission avec thème

Dans deux avions et quelques heures, je serai de retour aux Philippines pour une période un peu plus longue cette fois! La dernière fois que je suis venue aux Philippines, c’est en novembre dernier et pour 4 jours seulement! Une visite éclaire en route vers le Cambodge qui m’a permis d’assister aux premiers jours de notre atelier sur la GAR.

La vie de chargée de programme nous permet parfois de faire des missions spécifiques qui nous permettent d’approfondir nos connaissances sur un thème précis. Cette fois-ci, j’aurai cette chance! Et le thème de cette visite? L’accès et le contrôle des terres. Oui, ce thème est vaste, mais en cette année électorale avec en prime la fin du programme de réforme agraire aux Philippines ce thème est la clé de la situation aux Philippines!

Lors de cette visite nous aborderons plus en profondeur la question de la tenure de la terre avec notre partenaire PARRDS. Nous discuteront aussi la question des impacts des changements climatiques sur l’accès à la terre et la production agricole avec CEC. Enfin, nous étudierons les effets des politiques néo-libérales (les Philippines, contrairement à la Malaisie où la Chine, ont appliqués à la lettre les conseils du FMI et de la Banque mondiale) sur la situation des paysans philippins.

Cette question d’accès et de contrôle de la terre est primordiale dans un pays où la majorité de la population vit en région rurale et où l’économie dépend des exportations agricoles. En cette année électorale, les politiciens ne pourront ignorer cet enjeu, nos partenaires y veillent!

dimanche 8 mars 2009

La fête du 8 mars

Déjà deux entrées sur le sujet des femmes, mais en ce 8 mars définitivement, je ne eux pas pas laisser le sujet sous silence.

Nous avons célébré le 8 mars avec près de 400 familles de la communauté de Drey Krahom qui ont été violemment expulsées de chez eux le 24 janvier dernier. Pourquoi souligner cet événement le 8 mars? Parce que la majorité des gens expulsés étaient des mères monoparentales. Comme par hasard, ce sont majoritairement des femmes que l'on retrouvent dans les bidonvilles au coeur e Phnom Penh, les maris et pères étant soient partis travailler àl'étranger, tués ou tout simplement plus là.

C'est grâce à Yara que nous avons pu être témoin de l'événement. Yara travaille pour une ong local membre du Network on Eviction and Re-localisation de notre partenaire NGO Forum. Ce réseau regroupe une trentaine d'organismes communautaires qui travaillent contre les évacuations. NGO Forum travaille avec ce réseau afin de faire du plaidoyer auprès des puissants pour que les politiques cambodgiennes sur l'urbanisme changent et tiennent compte es populations qui occupent les lieux.

Ce genre de travail est essentiel car depuis 10 ans plus de 40 000 personnes ont été évacuées de Phnom Penh, et Amnestie Internationale estime que près de 150 000 Cambodgiens sont présentement menacé d'éviction.

L'histoire de la communauté de Dey Krahorm est particulièrement triste...et commune.

En 2003: la communauté reçoit enfin un titre légal d'occupation du territoire qui reconnaît que cette communauté occupe un territoire public qui ne peut êre vendu.

En 2005, les chef de la communauté ont vendu leur titre à une compagnie. Les chefs ont pris l'argent et ont rien dit pendant un moment.

Janvier 2008: La compagnie émet un ultimatum à la communauté: soit les gens accceptent d'être relocalisé sur un autre terrain de la compagnie, à environ 50 km de l'endroit actuel soit on vous évacuent de force. Environ 250 familles acceptent, 152 résistent.

Et si elles résistent,ce n'est pas pour rien; le site de relocalisation est situé à environ 50 km de leur terrain existant, donc loin du boulot, de l'école, des liens sociaux.Et surtout, il n'y a pas de services de base sur le site.

Ceux qui résistent tentent de poursuivre la compagnie en cours. Ils perdent, car la cour dit que les leaders ont légalement vendu les terres. Ils poursuivent leur plainte, s'organisent, se retrouvent à la radio, publicise leur cause.

À 2 heures du matin, le 24 janvier 2009, la compagnie, avec l'armée et les leaders qu'elle a soudoyé enteprennent la démolition des lieux et l'évacuation des gens. 8 femmes seront gravement blessées. La police bloquera le chemin aux secours. Le 24 janvier 2009 en soirée une clôture bleue est construite et les gens sont dispersés.

Maintenant, les 152 familles qui résistaient demandent que la compagnie paie 2000,00$ par maison. Selon une estimation municipale, ce terrain situé en plein coeur de Phnom Peh en vaut au moins le triple.

Aujourd'hui les résidents ce sont réunis pour dénoncer publiquement la situation et surtout espérent sensibiliser les gens afin que de telles catastrophes ne se reproduisent plus.

C'est un lancement!


Vendredi le 6 mars à 14 heures, dans les bureaux de CORD, un événement important: le lancement de la programmation de Développement et Paix au Cambodge. Tout nos partenaires y sont, y compris CORD, qui deviendra notre “instance consultante” cambodgienne, ce qui dans notre jargon veut dire une insitution locale qui nous appuie dans le suivi que nous souhaitons donner à nos partenaires du pays.

Au Cambodge, nous avons identifié les priorités suivantes:

1) La particpation citoyenne aux prises de décisions
2) L'accès et le contrôle aux terres et au territoire, ce qui inclut la gestion des ressources naturelles.

Nous devons le reconnaître, ces thèmes sont vastes, mais ils réflètent bien Développement et Paix et les enjeux actuels au Cambodge: Répression politique et économique qui passe surtout par un contrôle des ressources naturelles et des bénéfices qu'on en retire.

Ces thèmes réflètent aussi le travail de nos partenaires qui, par différents moyens et à différents niveaux travaillenttransparence, responsabilité en vue d'une répartition plus juste des ressources.

Nous avons aussi identifé aussi trois acteurs sociaux que nous croyons les plus porteurs du changement social: les femmes, les autochtones et les jeunes. Et pour ce faire nous travaillons par l'entremise de nos partenaires: Banteay Srei, CCSP, DPA, ICSO, NGO Forum et YRDP.

Je vous ai déjà parler de Banteay Srei, u cours du blog, je vou parlerai des autres

mercredi 4 mars 2009

Cambodgiens, cambodgiennes même combat?


Qu'est-ce que ça veut dire être une femme au Cambodge?

Commençons par des chiffres:

- Les femmes représentent 60% de la population de plus de 30 ans
- 25% des chefs de ménage sont des cheffes
- En milieu urbain, les femmes contribuent à 50% du revenu familiale
- En milieu rural, 65% des fermiers sont des fermières
- Partout, elles contribuent à 80% de la production alimentaire.

Et pourtant, malgré ces chiffres, culturellement parlant, la contribution des femmes n'est pas reconnue. De plus, entre violence domestique, le traffic humain, le haut taux de mortalité de femmes en couche, la difficulté d'accès à la terre et surtout au droit de dire haut et fort et d'agir en toute liberté de pensée n'est pas encore donné aux femmes. Ce qui fait d'elles une population très vulnérable.

Ce qui nous fait voir aussi la tâche immense de notre partenaire Banteay Srei.

“Grâce aux efforts de Banteay Srei j'ai pris beaucoup plus de confiance en moi, me confie Ms.Thlann Kimbouy. Je suis maintenant membre élue du conseil communal et grâce au projet “un jardin dans ma cour", ma famille souffre moins de la faim!” Pas mal tout de même!

Entre les formations en leadership, la création de coopératives, et surtout la prise de conscience par les femmes qu'elles peuvent prendre le contrôle de leur vie, Banteay Srei a un impact évident. Maintenant, le défi pour Banteay Srei est de partir de cette base pour créer une véritable voix féminine et féministe qui soit forte, puissante et surtout, entendue!


lundi 2 mars 2009

Phnom Penh, Perle d'Asie

Me voilà repartie à la rencontre de nos partenaires cambodgiens. J'y suis aussi allée à l'automne dernier, mais puisque c'était plus une série de rencontres de bureau, importantes et nécessaires, mais plutôt plates à raconter dans un blog, j'ai préféré m'abstenir.

Cette fois-ci, mon séjour sera bref: 16 jours au pays. Mais intense: 2 visites terrains (donc 20 heures de transport!) et le lancement de notre programmation 2009-2014 au Cambodge. Il me fera plaisir de vous tenir au courant de tout...ce qui est pertinent, bien sûr!

Il faut dire que ces jours-ci ça brasse fort de ce côté-ci du monde. En quelques points:

Le procès contre les têtes dirigeantes du régime des Khmers rouges et de Tuol Sleng (parfois tristemment surnommée The Khmer Rouge killing machine.)


Si ça vous dit de mieux comprendre la situation sans vous taper toute une thèse, je vous invite à voir le film The Killing Field. Excellent aperçu de la situation.
Et si jamais ça vous donne le goût d'en savoir plus,il y a des tonnes de livres sur le sujet, il me fera plaisir de vous en recommender quelques-uns.


La malédictions des ressources naturelles
Le Cambodge est un pays riche en ressources naturelles: bois, minerais, gaz et pétrole. Ce qui de prime abord, pourrait sembler être une bénédiction, s'avère plutôt être une malédiction, ou comme disent nos compagnons anglophones “a curse”.


Recette pour Natural Resources Curse:

Dans le grand bol de la société, mélangez:
Abondance de ressources naturelles
Une pincée de mauvaise gouvernance;
Une tonne de pauvreté;
Une chopine de corruption.

Mettez le tout sous couvert hermétique, secouez énergiquement,et surtout assurez-vous que rien ni personne ne témoignent de la réaction, et d'ici quelques années vous aurez un désastre environnemental, un pays détruit, une multiplication de pauvres et quelques riches.

Pour en savoir plus, Global Witness a publié un rapport bref et intéressant:Cambodia: A country for sale


Certains de nos partenaires ont créé le groupe Cambodia Resource Revenu Transparancy. Je vous en parlerai plus sous peu.

Une série de lois qui visent le contrôle économique, politique et social.

Je ne vais pas en faire l'énumération, mais d'une loi qui contrôle les organisations communautaires et les ongs, à une autre qui limite les rassemblements publiques, à celle sur l'acquisition des terres par des étrangers, ou enfin cette autre qui officialise la décentralisation sans pour autant décentraliser les pouvoirs de taxations disons que le climat n'est pas à la réjouissance.

C'est à ce contexte que notre programmation tente de répondre,car se battre contre la répression, n'est pas chose simple et nos partenaires sur le terrain font une job superbe!

À suivre!