jeudi 22 mai 2008

C'est la fin

Après 5 semaines de visites de partenaires, je rentre à la maison. De bellles rencontres, une mission réussie. Bien sûr il y a les questions, le découragement face à l'immensité de la tâche, mais aussi la passion, le souci de l'autre, le désir, la volonté et le pouvoir de faire de ce monde un monde meilleur. Nos partenaires font une job incroyable et j'espère que par ce blog j'ai pu vous transmettre leurs bons coups et surtout vous faire comprendre l'importance de leur travail, de notre travail, et vous communiquer ma fierté de faire partie de cette équipe, et la passion pour cette job qui n'en n'est pas une!!

samedi 17 mai 2008

Princess, VIH et autres..

Si le Cambodge a réussi à diminuer de façon notable le taux de prévalence du VIH/Sida,(chez la popuation adulte le taux est passé de 1,2% en 2003 à 0,9% en 2007) le sida demeure un enjeu important du développement ici. Mercredi soir dernier, en compagnie de HACC un de nos deux partenaires qui travaillent sur le VIH/sida au Cambodge, j'ai assisté au lancement du rapport "Redefining Aid in Asia. Crafting an Effective Response", rapport publié par la Commission sur le VH/sida en Asie. Plusieurs personnages importants étaient présents à ce lancemenent : ministres, représentants de différentes agences des Nations Unies, et même une princesse (Princesse??? Princesse!! C'est uniquement grâce à développement et paix que je peux côtoyer des princesses!), la Princesse Norodom Marie Ranariddh, princesse ET ministre ET présidente de la National Aids Authority, agence responsable de la mise en oeuvre de la stratégie de lutte au VIH/ sida au Cambodge. Il y avait deux organisations représentant la société civile, et HACC était l'une des deux.

Les conclusions de ce rapport sont forts intéressantes. On y apprends entre autres que la cause principale de la propagation du virus dans la population est la fréquentation des prostituées. Selon ce rapport, l'utilisation de drogues injectables, transfusion sanguines et avoir des relations sexuelles non protégées entre partenaires consentants ne sont pas les raisons principales de l'épidémie ici. Si le tourisme sexuel demeure un problème important, la fréquentation des prostituées, hommes et femmes, est aussi une moeurs locale. Ainsi le Cambodge et la Thaïlande sont les deux pays où le taux de fréquentation des prostituées est le plus élevé en Asie: entre 10 à 20% de la population masculine fréquente les prostituées sur une base régulière. La Thailande et la Cambodge sont aussi les deux pays d'Asie qui ont un taux de prévalence fort élevé. Troublant. Aux Philippines et au Laos le taux est entre 2-5%, et en Inde, Chine et Indonésie entre 5 à 10%. D'où ma question: est-ce que le taux de fréquentation des prostituées est un indicateur des relations de genre dans un pays donné de même que de la tolérance face au relations homosexuelles ouvertes et assumées? Ce qui est intriguant, c'est comment ces données ont pu être receuillies.

Autre trouvaille intéressante: Afin de prévenir et contenir l'épidémie il a été démontré que des campagnes de sensibilisaion auprès des populations les plus à risque (hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, prostituées, homme en général) ont plus d'impact que des capagnes qui visent la population en générale. Cette conclusion est très importante pour HACC qui responsable des campagnes nationales de sensibilisation. l

HACC a pour rôle de coordonner sur le plan national les ongs qui travaillent sur les enjeux liés au VIH/Sida. Notre partenaire est donc la contre-partie du gouvernement dans cette bataille au VIH/sida Cette reconnaissance n'est pas seulement nationale mais aussi internationale. En juin prochain, HACC ira présenter au Nations Unies les recommendations de la société civile cambodgienne sur les façons de maintenir et améliorer la lutte au VIH”sida au Cambodge de même que d'y améliorer les conditions de vie des gens qui vivent avec la VIH/Sida

J'espère juste que nous pourront profiter de la visite de HACC à New York pour les inviter à venir faire une courte pause à Montréal!!

Leçon de plaidoyer

Comment faire du plaidoyer? La question, qui peut paraître simple au premier abord, est loin de l'être, croyez-moi!! Peut-être encore plus au Cambodge. Parce qu'il faut y lire: comment faire du plaidoyer dans un État où la liberté d'expression est limitée. NGO Forum, un nouveau partenaire de Développement et Paix au Cambodge, y parvient assez bien, malgré les obstacles. Il faut dire qu'ils ont adapté à la sauce cambodgienne la façon de faire du plaidoyer!

Sam Ath, le directeur de NGO Forum définit le plaidoyer comme suit: “To request or demand help from someone powerful in order to solve a problem”. Plutôt different de notre vision occidentale qui voit le plaidoyer plus en terme d'exigeances que de demandes, de rapport de force que de collaboration. Mais il semble que ça fonctionne. NGO Forum est un réseau d'une quarantaine d'ONGs qui travaillent sur les thèmes de la terre, du développement et de l'environnement. Il peut vous jaser pendant des heures de la situation des autochtones d'ici, de la situation des mines et de la foresterie, de l'efficacité de l'aide et sur la situation des droits de la personne. Un homme passionnant et passioné, qui dirige son réseau avec douceur, efficacité et avec un grand respect pour les processus démocratiques. Lorsque je lui ai demandé si parfois son travail lui faisait peur, il a rigolé doucement et m'a confié que non. Que oui, mais vraiment non. Il faut dire que Sam Ath est avant tout un militant pour les droits de la personne au Cambodge. Et que ça, ça exige une bonne dose de courage! L'approche de NGO Forum, un savant mélange de recherche très bien documentée, de collaboration avec le gouvernement mais aussi de revendication démontre une pensée très stratégique.

Prenons un exemple concret: La distribution des terres des autotchones. En 2001, le gouvernement cambodgien adoptait la loi sur l'attribution des terres. Selon cette loi, les autochtones cambodgiens ont droit à l'utilisation communale de leur terre. Comme partout ailleurs (à tout le moins c'est l'impression que ça donne!), les autochtones d'ici ont eu le malheur de s'établir historiquement sur des terres riches, par conséquent sur des terres convoitées par les riches de ce monde, ce qui inclut les compagnies minières et forestières. Afin de corriger cette loi, qui semble favoriser un peu trop les autochtones, le gouvernement s'est lancé dans la rédaction d'un sous-décret qui corrigerait cette situation. On dirait, comme trop souvent, une reprise de David contre Goliath.

Les groupes autochtones se sont réunis, NGO Forum les a appuyé en fournissant recherche et lieu de rencontres, et surtout en mettant au service des autochtones leur réseau. Le résultat: à la fin avril dernier communautés autochones, ongs et un réseau de légistes reconnus, remettaient au gouvernement une série de recommendations sur comment améliorer ce sous-décret tout en respectant l'esprit premier de la loi. Évidemment, la bataille n'est pas encore gagner, mais cette solidarité entre mouvements autochtones, ongs et avocats est sans précédents et ne peut pas être totalement ignoré par le gouvernement. Et ce pas seulement en raison de la force de la solidarité de ce mouvement, mais aussi parce qu'NGO Forum a attiré l'attention des instances internationales (ONU, encore très présente ici, la banque mondiale, la banque asiatique de développement, de grosses ongs internationales, AI entre autres) et que ces dernières appuient les recommendations de ce groupe. Difficile pour le gouvernement d'ignorer ces recommendations lorsqu'elles proviennent de différents secteurs de la société civile en appui avec les grosses pointures internationales!!

On saura d'ici la fin juin ce que le gouvernement fera avec ce sous-décret. Mais qu'il décide d'ignorer les recommendations du groupe, d'en choisir que quelques-unes ou même de les appliquer en totalité, il demeur que le réseau est formé et qu'une nouvelle force est créée!

mardi 13 mai 2008

Histoire de bonne gouvernance

Le poids de l'histoire me semble si fort ici qu'il est difficile, voir impossible, d'en faire abstraction, d'où l'omniprésence de l'histoire dans les titres!!

Après près de 300 ans de guerres de clans et empiriques avec ses voisins (maintenant le Vietnam et la Thailande), près de 100 ans de colonisation française, une dizaine d'année de régime monarchique, 5 ans de guerre civile, 4 de régime khmer rouge et près de 13 années plutôt chaotiques, il est normal que l'idée de démocratie ne prennent pas tout de suite racine dans les moeurs cambodgiennes.

Plusieurs de nos partenaires au Cambodge travaillent sur la participation citoyenne aux processus démocratiques cambodgiens. Qu'est-ce que ça veut dire? Que certains de nos partenaires, dont le Commune Council Support Project (CCSP) travaillent au niveau communal (municipal), le plus près de la base, pour que les Cambodgiens connaissent et exercent leur rôle et responsabilité comme citoyen. Aller voter est certainement l'une de ces fonctions, mais la plus importante demeure de rappeler, sur une base régulière, les promesses des éluEs , de s'assurer que celles-ci soient mises en oeuvre et aussi, voir même surtout, participer à la sélection des priorités de développement.

Si ces activités de participation et de suivi peuvent sembler simples, elle ne le sont pas dans un pays où depuis trop longtemps il n'est pas possible de questionner le chef, de remettre en question ses décisions et surtout de se permettre d'exprimer publiquement et ouvertement une opinion différente. La peur de la répression, fait certainement partie des facteurs qui empêchent une véritable et surtout vaste, participation citoyenne, mais aussi le poids de la tradition. Il est mal vu de penser différement, de douter et surtout de le dire. Dans ce cas, choisir qui est le mieux placé pour nous représenter et surtout oser se permettre de s'assurer que ce qui a été promis a effectivement été donné et revendiquer ses droits est un défi constant. Défi auquel CCSP, par des projets d'éducation citoyenne tente avec tout de même assez de succès ,de relever.

YRDP mets aussi la main à la pâte de ce grand défi en tentant de développer la pensée critique et la capacité d'analyse de jeunes universitaires. Ce qui peut sembler si évident de prime abord, est loin de l'être dans ce pays. L'idée de trianguler des sources d'informations, de justifier par des faits son opinion, de se demander d'où vient que nous ayons cette opinion n'est absolument pas gagné d'avance ici.

Alors savoir que YRDP travaille auprès d'environ 800 jeunes univertaires pour faire d'eux des questionneurs et des penseurs est plutôt rassurant, car comment un pays eut-il se développer si ses citoyens n'ont pas les capacités de le penser, de l'analyser, de le questionner et par conséquent de le rêver leur pays?

Perspective historique




On pourrait en faire un titre de thèse: L'impact du traumatisme génocidaire dans la transmission de l'histoire. Troublant cette façon d'omettre des points importants dans la transmission de l'histoire récente.

Dimanche dernier, j'ai assisté à un Forum organisé par Youth Resource for Development (YRDP) un des partenaires de Développement et Paix au Cambodge. Le thème de ce forum: l'histoire des Khmers rouges et quels sont les facteurs qui peuvent expliquer la naissance et le maintien d'un tel régime. Une centaine de jeunes universitaires (de 18 à 25 ans) participaient à ce Forum. Ce qui était troublant, du point de vue d'une étrangère à tout le moins, c'est l'ignorance de ces jeunes universitaires, malgré leur visible soif d'apprendre, de l'histoire, récente de leur pays.

Sokhea,le Directeur de YRDP m'explique que les livres d'histoire ne contiennent que peu ou pas de références au Khmers rouges, que malgré le procès sur les crimes contre l'humanité commis par le régime Khmer rouge peu de gens parlent de la situation. Sambath, aussi de YRDP, me dit que ces jeunes sont trop jeunes pour avoir vécu le régime Khmer,...mais et leur parents alors, ai-je demandé? Je me fais répondre que la plupart d'entre eux souhaitent oublier cette période de leur vie et de l'histoire cambodgienne et que peu sont prêts à en parler. Ce qui se comprends contenu des horreurs vécus (et commise, malheureusement), j'imagine. Ce qui rend encore plus émouvant le témoignage de M. Vann Nath un des seuls survivants de la prison de Toul Sleng, ou S21. Lorsqu'il parlait, on pouvait entendre le bruissement d'ailes de mouche (et le murmure des gens qui faisaient la traduction!).

Ce qui, selon moi, faisait de ce Forum une rencontre vraiment intéressante, c'est que l'emphase n'était pas mise uniquement sur les vistimes de cette periode, mais aussi sur l'analyse (comment et pourquoi un tel régime est-il possible,et surtout comment s'assurer que ça ne se reproduise pas?), et sur les rôles et responsabilités de ces jeunes privilégiés (aller à l'université et pouvoir assister le dimanche à un forum au lieu de travailler, fait des ces jeunes des gens choyés de la société cambodgienne à n'en pas douter!) pour s'assurer que quelque cose de semblable ne reviennentse reproduisent pas. Enfin,la dernière présentation portait sur le tribunal et sur la nécessité, dans un État de droit, d'assurer la défense des accusés et surtout de fonder les sentences sur des preuves. Ce que les jeunes avaient plutôt de la difficulté à comprendre(et moi aussi, parfois),c'est comment pouvons-nous justifier de défendre les responsables de ces crimes? Parce que, comme l'a si bien dit le présentateur: l'État de droit est ce qui nous distinguera des Khmers rouge. Et l'État de droit est loin d'être acquis ici!

vendredi 9 mai 2008

Ce n'est qu'un au revoir

Voilà, le séjour aux Philippines se termine. Et j'ai le coeur brisé!! Pas facile cette vie de chargée de programme. C'est une vie plutôt bohême où des liens se tissent inévitablement parce que les émotions vécues et partagées sont intenses et assez uniques. Durant cette visite, j'ai vraiment eu l'impression d'assister, voir même de prendre part, à des activités qui pouvaient effectivement changer,pour le mieux, les Philippines. J'ai eu la chance d'échanger plus librement avec des gens qui croient en ce qu'ils font, qu'ils le font bien et dont certains qui ont été des stratèges du People's Power qui a fait tomber Marcos. Des gens assez extraordinaires, qui ont l'humilité de partager et d'écouter une ti-culs de 32 ans partager ses impressions et son analyse sur la situation aux Philippines et sur les stratégies pour que ces mouvements puissent atteindre leurs objectifs. IComme chargée de programme, il faut une certaine balance entre avoir du front, de la confiance en soi, en sa capacité d'analyse, de jugement et aussi de la modestie devant ces grands du changement social.

Malheureusement, il est difficile de maintenir et d'enrichir ces relations quand deux océans nous séparent! À la fin de cette visite aux Philippines, je me sens donc comme à la fin d'un camps de vacances: triste mais aussi heureuse et choyée d'avoir vécu ces moments précieux. Ce qui ajoute à la nostalgie du départ est aussi le fait que je suis attachée aux Philippines car j'y ai vécue deux belles et mouvementées années. Par chance qu'amoureux, famille, amies, travail et Montréal (j'adore cette ville!) seront là pour m'accueillir et font en sorte que j'ai, parfois, un brin hâte de rentrer à la maison!

Et en plus, je quitte les Philippines, pour le Cambodge. Un autre pays fascinant, que je connais moins, mais avec d'autres partenaires à découvrir et des amitiés à construire...

À suivre donc...!

Fierté solidaire



Je sais, je sais les groupes avec lesquelles je travaille n'ont pas besoin d'une mère, n'empêche si vous saviez à quel point j'étais fière de voir quatre de nos partenaires travailler ensemble pour faire du lobby auprès du gouvernement pour que le programme de Réforme agraire soit prolongé avec des réformes majeures, en particulier en ce qui concerne l'accès au crédit, la juste compensation auprès des grands propriétaires et l'accès des femmes aux titres de propriétés.

Il s'agissait du troisième forum qui réunissait des rpréentants de la Conférences de Évêques des Philippines, des parlementaires et des représentants des mouvements paysans mais aussi des pauvres urbains.

Ce qui pour moi était fascinant et surtout si réjouissant c'est de voir la complicité qui commence à s'établir entre certains de nos partenaires pour arriver à changer vraiment les choses. Que des mouvements urbains et ruraux s'unissent, appuyer par Caritas Philippines(NASSA), m'a vraiment donné l'espoir qu'il est possible qu'ensemble nous arriions à améliorer la qualité de vie des Philippins. Parce qu'il me semble que ce n'est qu'en arrivant à surpasser les intérêts de secteur (pauvreté urbaine versus pauvreté rurale),que ce n'est qu'en créant un véritable réseau de solidarité, qui fera véritable Tsunami de changement social!

Répubique de bananes?


Agri-Aqua Development Coalition (AADC) est un regroupement d'organisations locales (surtout des coopératives agricoles, mais aussi d'autres formes d'associations citoyennes) de paysans et autres agriculteurs qui se sont réunis, parce que, comme on le sait, l'union fait la force!

AADC regroupe près d'une vingtaine de groupes qui proviennent de tous les coins de Mindanao. Mais ce qui fait de AADC un groupe si particulier,tout le moins pour Développement et Paix, est l'approche que la Coalition privilégie, c'est-à-dire une approche de développement d'entreprises communautaires.

Une bonne illustration de l'approche d'AADC est l'exemple du Banana Fresh Fries. Le secrétariat de AADC a négocié une entente de marché avec une compagnie privée intéressée à obtenir une quantité suffisante de bananes frites. AADC, par l'entremise de ses coop agricoles garantit le volume de production et El Coco (la compagnie) en retour forme les gens de la coop et fournit la machinerie pour produire des bananas frites de hautes qualitées (lire pour l'exportation). Toutefois, pour arriver au volume de production demandé, AADC a regroupé l'ensembe des coop de la communauté pour former ce qu'ils appellent un consortium. Qu'est—ce que ça veut dire un consortium? Que chacune des coop locales contribuent au succès de cette entreprise communautaire. Premièrement, une nouvelle association est créée et afin de veiller au bon roulement de l'usine de bananes, ensuite les fermiers de la coop agricole consentent à faire pousser des bananes dans une certaine superficie de leur terrain. Pour arriver à garantir le volume de production près de 5 000 hectares de bananes est nécessaire, mais puisque AADC est contre le monocroping, le nombre d'hectare est atteint parce que plusieur agriculteurs consentent à ce que X% de leur terrain soit réservé aux bananes et ils s'engagent à les vendre à l'usine de bananes. Ensuite, la coop d'huile de coco garantit l'approvisionnement en huile de l'usine, et ce à un prix plus qu'avantageux. Enfin,une coop de camions asure le transport des bananes frites.Tout ce qu,il reste, c'est créer une association qui va garantir l'approvisionnement en bois pour chauffer l'huile.

L'usine (qui fonctionne sous forme de coop) engage directement près d'une centaine de personne du village.Après deux mois en fonctions, et malgré des anicroches de départ, tout semble bien rouler!

Ah,est-ce que j'ai mentionné que la production de banane est entièrement biologique??

Je vous le dis, à petit pas et avec beaucoup de bonnes volonté et de travail on peut changer le monde!

jeudi 1 mai 2008

Food crisis?? No! Price crisis!




C'est du moins ce que vous répondront la plupart des membres du réseau d'agriculture biologique de NASSA (Caritas Philippines). Convertis aux bienfaits de l'agriculture bio, Inday et Jerry, mes hôtes, m'ont convaincue que dans le cas des Philippines, cette crise des denrées de base est une fausse crise, et qu'il s'agit fort probablmement d'un savant mélange de spéculation, mauvaise gestion des terres et de politiques néolibérales plus nuisibles qu'efficaces.

Question de me faire comprendre qu'elle est la situation sur le terrain, NASSA a décidé de m'amener à Butuan, Mindanao, visiter leur ferme-école où ils forment des fermiers à l'agriculture bio et aussi me faire rencontrer une de leur organisation de fermiers. Inday, Jerry et leur 10 enfants m'ont chaleureusement ouvert les portes de leur maison et ont partagé avec moi leur vision de l'agriculture bio.

Pour Jerry, c'est simple: l'approche bio, non seulement, lui permet d'être en meilleur santé physique mais aussi financière. Le problème avec les graines hybrides explique Jerry, c'est qu'elles demandent des soins constants, des fertilisants, beaucoup de pesticides et tout ça pour des résultats pas toujours probant. L'engrais chimique est dispendieux, de même que les herbicides et pesticides...en plus les frais d'hopitaux et de santé augmentent car trop souvent des accidents arrivent avec ces agents chimiques. Aussi,les fermiers sont à la merci des cartels du riz, qui sont les mêmes qui vendent graines, engrais et autres!! L'approche bio, si plus exigeante en terme de labeur au début du processus, est tout de même gagnante parce que ça réduit, voir même cesse la dépendance envers les intermédiaires. Selon Inday et Jerry,leur production est demeurée pratiquement la même depuis qu'ils sont devenus 100% bio. Ils vendent une partie de leur récolte directement au marché local et en garde une autre pour leur consommation personnelle. Un autre aspect de l'approche bio qui les intéresse est l'intercroping et l'élevage d'animaux. Ainsi dans les rizières de Jerry, on retrouve des canards, poulets, karabaos, chèvres, bananiers, cocotiers... Évidemment, ce n'est pas encore l'auto-suffisance, mais on s'en approche!! C'est surtout la fin d'un système d'exploitation qui favorise le cartel du rix au détriment des fermiers qui les réjouit le plus. Ce qui désole Jerry est l'importation de riz par les Philippines. Selon lui,et plusieurs autres (!) en ayant des politiques agricoles plus favorables aux fermiers locaux, les Philippines et les philippins seraient moins vulnérables aux aléas du marché! Ça c'est une queston pour FDC et PARRDS et croyez-moi ils s'en occupent!!

mercredi 30 avril 2008

“Reclaiming the power of the burse”


C'est en clamant ce slogan que Freedom From Debt Coalition (FDC) a réussi des gains mémorables dans les chambres haute et basse aux Philippines. En effet, FDC et ses alliéEs ont forcé le gouvernment à reconnaître 12 cas de dettes illégales.

Qu'est-ce qu'une dette illégale? “Ce sont des ententes financières survenues entre la Présidente et un chef d'État ou une institution financière soit pour des projets plutôt inutiles ou nuisibles ou encore totalement bidons et qui ne sont jamais mis en oeuvre mais dont les Philippins paient les intérêts”, m'explique Milo, le Secrétaire de FDC. Des exemples de tel prêts? Prenons l'entente survenue entre le gouvernement des Philippines et celui d'Autriche pour des incinérateurs médicaux. Les Philippines paient environ 2 millions US$ par année d'intérêt pour des incinérateurs qui ne fonctionnent même pas!! Pourquoi ils ne fonctionnent pas? Parce qu'ils ne respectent pas la loi sur la qualité de l'air des Philippines,...en creusant un peu FDC a même appris que ces incinérateurs ne respectaient pas non plus les lois européennes et autrichiennes!! L'Autriche a donc vendu à gros prix des incinérateurs qui étaient non seulement inutilisables aux Philippines mais chez-eux aussi!!! Malheureusement, ce cas n'est qu'un parmi 12 autres qui ont été mis à jour et publicisés par FDC à un point tel que le Congrès a même demandé que les Philippines cessent de payer des intérêts sur ces prêts plus que douteux.

Toutefois comme le fait remarquer Herman, le responsable de la campagne sur les dettes, ce qui est le plus étonnant c'est que la plupart de ces prêts entrent en vigeur sans même être discutés encore moins approuvés par le Congrès! D'où la mobilisation orchestrée par FDC pour que les parlementaires réclament leur droit d'étudier et d'approuver ces prêts. Cette campagne de FDC est très efficace et gagne le support de la plupart des parlementaires qui n'aiment pas tous être des pions de l'arène politique. Lié à cette campagne, FDC a mis sur pied un comité composé de 30 personnes (anciens parlementaires, universitaires, des représentants d'ONGs et d'universités) qui aura pour mandat d'examiner les dépenses du gouvernement (Independent Citizen Debt Commission). Ce comité a été accueilli à bras ouverts par la population!

Toutefois, comme Milo l'a si bien dit ce dont FDC est le plus fier c'est d'avoir réussi à convaincre le Congrès de cesser le remboursement des intérêts sur les dettes illégales et d'augmenter en lieu et place le budget pour l'éducation, la santé et autres services de base. Cette belle et grande victoire a été possible parce que FDC travaille en coalition, du terrain au Congrès avec des alliés un peu partout. Cette synergie de la société civile pinoy pour lutter contre les effets de la mondialisation se fait vraiment sentir et est fort appréciée par plusieurs... Mais laissons le mot de la fin Milo: ”Maintenant, ne reste plus qu'à s'assurer que toutes ces belles décisions deviennent des réalités!!

dimanche 27 avril 2008

Rats des champs, rats des villes

En juin 2008, le programme sur la réforme agraire vient à échéance aux Philippines. Pourtant, 1,4 million d'hectares de terre agricole n'a pas encore été redistribué. Pourquoi? Entre autres, en raison de la puissance de grandes familles de propriétaires terriens, appelées les vaches sacrées dans le jargon local, de la conversion des terres agricoles en terres commerciales et industrielles et en raison de la volonté du gouvernement à convertir les terres arables en cash crop, surtout en matériel pour les agrocarburants. De plus, le gouvernement philippin est à négocier une entente avec la Chine afin de convertir plusieurs hectares en terre pour les agrocarburants et les produits miniers, dont les bénéfices iront plus ou moins directement aux Chinois.

En ces temps de crise alimentaire, de flambée des prix, l'agriculture est le sujet de l'heure. Ce qui est fascinant c'est l'alliance tactique entre différents secteurs de la société qui revendiquent la même chose: les pauvres urbains et le mouvement paysan qui s'organisent pour que le programme de la réforme agraire soit prolongé et réformé Parce qu'il faut s'entendre, l'ancien programme était loin d'être parfait...mais c'est quand même mieux un programme pas parfait qu'on peut améliorer que pas de programme du tout!!

Pourquoi les pauvres urbains se joignent au mouvement? Parce qu'ils sont les premiers touchés par la hausse des prix! "Il est commun pour une famille de pauvres urbains de manger une fois par jour, maintenant avec la flambée des prix, une fois aux deux jours" me confie Jessica, organisatricce communautaire pour Co-M. Le plus désolant est que la plupart des gens qui composent les pauvres urbains, viennent de la campagne et ont dû quitter leurs champs parce qu'ils étaient incapables de survivre sur leur maigres profits.

Trois de nos partenaires, UPA, C0-M et PARRDS participe à ce mouvement de solidarité...qui a donné des résultats assez efficaces: des marches de paysans auxquels se joignent les pauvres urbains, des représentants de l'église et d'autres secteurs de la population. La mobilisation est grande, la couverture médiatique est excellente...nous saurons en juillet si les efforts ont porté fruit!!

vendredi 25 avril 2008

Théâtre et éducation populaire...Un mélange explosif



Voici Philippine Educational Theater Association, PETA. En existence depuis 40 ans PETA, vise à maintenir et à renforcer la culture philipinne...et aussi à stimuler et renforcer toutes les formes de résistance...après tout les arts, particulièrement le théâtre sont des outils assez puissants pour exprimer sa différence et mobiliser les gens!! Dans la cas des Philippines, ce qui est aussi flagrant c'est l'omni-présence de la culture américaine et l'homogénisation de la culture. Après 40 ans de domination américaine et 300 ans de colonisation espanole, maintenir en vie et renforcer la culture locale est un défi.

PETA a donc décidé de mettre sur pied un super projet: School of People's Theater, un programme qui vise à lier culture, organisation communautaire et éducation populaire. Des gens ordinaires, comme vous et moi, des organisateurs communautaires, des profs, des ONGs sont donc formés sur l'utilisation du théâtre comme outils de plaidoyer, mais aussi comme instrument de propagande de la culture pinoy.

PETA a établi des partenariats avec des écoles, des églises,des groupes de jeunes, a formé des professeurs, des curés, des étudiants sur les bases du théâtre...Maintenant, en région, les groupes organisent des mini-festival de théâtre, d'autres ont mis sur pied différentes pièces sur les enjeux de l'heure: réchauffement climatique, élections, corruption et nationalisme pinoy. Des enfants de milieux défavorisés ont aussi présenté une courte pièce sur leur condition de vie comme enfants qui travaillent au marché, à la maison, devant un public d'enfants de milieux plus favorisé. Paraît-il que l'échange entre enfants et parents était superbe!!!

Et tout ça est non seulement éducatif, mais aussi assure que la culture locale on seulement se maintient mais aussi se développe!

mardi 22 avril 2008

C'est un lancement!!

Et voilà, c'est ma première entrée sur un nouveau blog : Geneviève en Asie. Ce titre vous dit quelque que chose? C'est qu'il est à 100% inspiré du blog de ma collègue Julie!! Je l'avoue: j'ai trouvé qu'elle avait eu une super idée, que son blog était excellent et surtout qu'il s'agissait d'un superbe outil pour faire connaître le travail de chargée de programme et celui de nos partenaires. Je me jette donc moi aussi dans l'aventure blogeste et je lance ce blog sur mes aventures en Asie.

Je me présente: Geneviève Talbot, Chargée de programme Asie pour Développement et Paix. Je suis une nouvelle recrue de DP, après quelques années dans le monde de l'international, dont 2 comme coopérante aux Philippines, c'est en 2007 que j'ai joint les rangs de Développement et Paix.

Il s'agit de ma deuxième “mission” en Asie pour Développement et Paix. La premère a eu lieu en novembre dernier. Cette fois, comme lors de la dernière, je visiterai nos partenaires aux Philippines et au Cambodge. Les objectifs de ce voyage (je déteste le mot mission: je ne suis ni Jane Bond, ni missionnaire, alors allons-y pour voyage, même si ce ne sont pas des vacances!) sont:

1.Aux Philippines et au Cambodge, faire le suivi auprès des groupes sur le terrain (mise à jour sur les projets, l'organisation, le contexte du pays, partage d'infos sur les nouveautés à DP) et surtout en apprendre plus sur le contexte actuel dans ces deux pays (discuter de leurs rapports, visites sur le terrain, participation à des événements afin de bien saisir les enjeux et enfin discussions, échanges, dans un contexte le plus amical possible)
2.Aux Philippines, saisir le pouls du mouvement paysan en ce qui concerne la possible fin du programme sur la réforme agraire (CARP), le climat d'impunité et les exactions, les agrocarburants et le problème de la flambée des prix sur les denrées de base.
3.Au Cambodge, discuter agrocarburant, terres, autochtones, souverraineté alimentaire et droits humains. Il y a aussi explorer les possibilités d'expansion du programme afin de peut-être y inclure de nouveaux partenaires.

Au Cambodge, je ne serai pas seule: un groupe de 5 jeunes membres de DP et un animateur visiteront nos partenaires en même temps afin de mieux comprendre, apprécier, et être en mesure de sensibiliser la population de chez-nous aux enjeux du Sud et sur ce que nous pouvons faire pour contribuer à améliorer notre monde.

Ça promet donc d'être un voyage captivant, chargé, mais passionnant où les rencontres avec des gens militants, passionnants et passionnés risquent de foisonner!

J'ai hâte de lire vos commentaires!