On pourrait en faire un titre de thèse: L'impact du traumatisme génocidaire dans la transmission de l'histoire. Troublant cette façon d'omettre des points importants dans la transmission de l'histoire récente.
Dimanche dernier, j'ai assisté à un Forum organisé par Youth Resource for Development (YRDP) un des partenaires de Développement et Paix au Cambodge. Le thème de ce forum: l'histoire des Khmers rouges et quels sont les facteurs qui peuvent expliquer la naissance et le maintien d'un tel régime. Une centaine de jeunes universitaires (de 18 à 25 ans) participaient à ce Forum. Ce qui était troublant, du point de vue d'une étrangère à tout le moins, c'est l'ignorance de ces jeunes universitaires, malgré leur visible soif d'apprendre, de l'histoire, récente de leur pays.
Sokhea,le Directeur de YRDP m'explique que les livres d'histoire ne contiennent que peu ou pas de références au Khmers rouges, que malgré le procès sur les crimes contre l'humanité commis par le régime Khmer rouge peu de gens parlent de la situation. Sambath, aussi de YRDP, me dit que ces jeunes sont trop jeunes pour avoir vécu le régime Khmer,...mais et leur parents alors, ai-je demandé? Je me fais répondre que la plupart d'entre eux souhaitent oublier cette période de leur vie et de l'histoire cambodgienne et que peu sont prêts à en parler. Ce qui se comprends contenu des horreurs vécus (et commise, malheureusement), j'imagine. Ce qui rend encore plus émouvant le témoignage de M. Vann Nath un des seuls survivants de la prison de Toul Sleng, ou S21. Lorsqu'il parlait, on pouvait entendre le bruissement d'ailes de mouche (et le murmure des gens qui faisaient la traduction!).
Ce qui, selon moi, faisait de ce Forum une rencontre vraiment intéressante, c'est que l'emphase n'était pas mise uniquement sur les vistimes de cette periode, mais aussi sur l'analyse (comment et pourquoi un tel régime est-il possible,et surtout comment s'assurer que ça ne se reproduise pas?), et sur les rôles et responsabilités de ces jeunes privilégiés (aller à l'université et pouvoir assister le dimanche à un forum au lieu de travailler, fait des ces jeunes des gens choyés de la société cambodgienne à n'en pas douter!) pour s'assurer que quelque cose de semblable ne reviennentse reproduisent pas. Enfin,la dernière présentation portait sur le tribunal et sur la nécessité, dans un État de droit, d'assurer la défense des accusés et surtout de fonder les sentences sur des preuves. Ce que les jeunes avaient plutôt de la difficulté à comprendre(et moi aussi, parfois),c'est comment pouvons-nous justifier de défendre les responsables de ces crimes? Parce que, comme l'a si bien dit le présentateur: l'État de droit est ce qui nous distinguera des Khmers rouge. Et l'État de droit est loin d'être acquis ici!
2 commentaires:
J'aurais bien aimé assister à ce forum. Il y a 4 ans, les quelques rencontres avec des jeunes cambodgiens que nous avons eu nous ont laissé l'impression d'un désarrois profond. Je suis heureux de voir qu'ils coommencent à poser des questions et à chercher des réponses.
Ton blogue est rès éclairant sur ce que tu fais comme travail, Geneviève, et sur ce que défend Développement et Paix.
Merci pour ce commentaire Edouard! C'est certainement l'objectif du blog: de faire connaître le travail des partenaires de D&P et aussi de celui de chargée de programme. Je crois que j'y arviens mieux par écrit qu'oralement.
Le désarroi est encore présent. Tutefois, il est rassurant de voir que des groupes décident d,y faire face et essaient de trouver des avenues popssibles de développement. Mais ce n'est pas gagné d'avance!!
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